Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 16 septembre 2008
Environnement

Recours aux agrocarburants: l'Association des régions de France (ARF) souhaite une étude d'impact territorial en préalable à chaque projet

Les eurodéputés se sont prononcés le 11 septembre dernier en faveur d’un abaissement du recours aux agrocarburants, suivant une décision semblable des ambassadeurs des 27 pays de l’Union européenne. Les eurodéputés cherchent à adoucir l'une des dispositions-clés du «paquet climat-énergie», placé parmi les priorités de la présidence française de l'UE, tandis que les Etats membres de l'Union européenne (UE) veulent maintenir l'objectif de 10% d'énergies renouvelables dans les transports d'ici à 2020, tout en tenant compte de la controverse que cette politique suscite. Au final, les eurodéputés ont décidé un objectif intermédiaire de 5% en 2015, afin de laisser le temps à d'autres technologies de monter en puissance face aux agrocarburants de première génération, dont l'impact sur les prix alimentaires est montré du doigt. Le Parlement européen a cependant précisé que le seuil retenu par les Européens n'est atteignable qu'avec la contribution, à hauteur de 40%, des véhicules électriques ou propulsés à l'hydrogène et des agrocarburants de seconde génération. A l’occasion de ce vote, l’Association des régions de France (ARF), qui se dit «directement concernées par le développement durable de leur territoire», et publie les résultats d’une étude sur ce thème. La commission Développement durable et environnement de l’ARF - et la région Aquitaine qui a commandé l’étude -, ont évalué les différentes approches existantes en France comme à l’étranger, en se basant sur l’analyse du cycle de vie (ACV), outil permettant d’évaluer les impacts écologiques d’un objet ou d’un procédé. Selon cette étude, une «plus grande rigueur» est nécessaire dans la conduite des études préalables à toutes initiatives nationales et européennes en matière d’agrocarburants. Il convient en outre de recourir «systématiquement à une approche globale, resituant les enjeux économiques, sociaux et environnementaux d’une généralisation de tel ou tel procédé.». Enfin, une étude d’impact territorial spécifique doit être le préalable à chaque projet. L’ARF souhaite ainsi que le débat sur les agrocarburants de première génération, mais aussi sur la deuxième génération en cours de développement, soit repris avec ce nouvel éclairage. «Outre l’impact lié à la mise en culture de surfaces initialement couvertes par la forêt, par les jachères ou les pâturages entraînant une réduction des puits de carbone, éventuellement un déstockage du carbone, générant l’utilisation d’engrais azotés émetteurs de protoxyde d’azote, les atteintes à la biodiversité qui en résultent posent le problème du respect des engagements pris dans ce domaine au plan national et européen», indique l'ARF. Quant à l’incidence de la production des agrocarburants, elle pose, selon l’association, «la question des priorités qu’on entend donner à l’usage des terres agricoles dans le contexte international actuel de hausse du prix des denrées alimentaires.» Alain Rousset, président de l’ARF, et Didier Jouve, président de la commission Développement durable et environnement, appellent le gouvernement à «réviser les objectifs affichés en termes d’incorporation d’agro-carburants dans l’essence et le gazole, particulièrement celui du paquet énergie-climat qui place la barre à 10% d’ici 2020. Une telle politique se doit de tenir compte des impacts écologiques et sociaux induits.» Pour accéder au détail de l’étude sur le bilan environnemental des agrocarburants, voir premier lien ci-dessous. Pour lire la brochure "Les régions au coeur du développement durable", voir second lien ci-dessous.

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